PSA et le gouvernement, cinq ans d'aides et de promesses

Publié le par Debout La République Pas-de-Calais

Le Monde.fr | 12.07.2012

Nicolas Sarkozy, Philippe Varin, patron de PSA, et Jean-Louis Borloo, au salon de l'automobile en 2010 .

 Nicolas Sarkozy, Philippe Varin, patron de PSA, et Jean-Louis Borloo, au salon de l'automobile en 2010 . | AFP/LIONEL BONAVENTURE

C'était en avril 2012. PSA s'invitait dans la campagne présidentielle lorsque les salariés de son usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) étaient reçus par le candidat Sarkozy dans son QG de campagne. Dans la foulée, ce dernier s'engageait à "tout faire pour qu'on puisse sauver le site d'Aulnay". Il promettait : "Nous sommes à ma connaissance en 2012. Jusqu'en 2014, la C3 sera fabriquée à Aulnay (...) Se pose la question par quoi sera remplacée la C3. Soit il y aura un nouveau modèle, soit PSA implantera des activités industrielles ou logistiques sur le site car celui-ci ne sera pas vendu."

Trois mois plus tard, le groupe automobile annonce la suppression de 8 000 emplois et la fermeture de l'usine de la banlieue parisienne... en 2014.  Et le gouvernement, désormais socialiste, promet un nouveau "plan de soutien" à la filière automobile.

Depuis cinq ans, les déclarations politiques et les plans d'aide se sont pourtant succédé, de même que les promesses. Sans parvenir à enrayer durablement les difficultés du secteur.

2011 : le document secret et la promesse de Besson. En juin 2011, la CGT produit un document indiquant que la direction de PSA envisage de fermer son site d'Aulnay-sous-Bois. Le document prévoit un calendrier précis : une diminution progressive de la production en 2012, suivie de l'annonce en 2013 d'un plan social, pour une fermeture programmée courant 2014.

Face à l'inquiétude, le ministre de l'industrie, Eric Besson, convoque Philippe Varin, PDG du groupe. Après l'entrevue, il se dit totalement rassuré : "Philippe Varin m'a indiqué l'inverse de ce qu'a dit la CGT hier et m'a montré le document de travail sur lequel le syndicat a fondé son intervention. Le président du groupe m'a expliqué que c'était là un document de travail qui n'avait pas eu d'application opérationnelle et qui n'avait donc pas été suivi d'effet." On pourra constater un an plus tard qu'il l'a finalement été.

2010 : remboursement par anticipation. En avril 2010, PSA ferme son site de Melun-Sénart, qui s'occupait de, logistique. Le groupe s'engage à reclasser un maximum des 388 salariés présents. Le gouvernement, en la personne de Luc Chatel, son porte-parole, explique que le plan de sauvetage du secteur automobile avait "un certain nombre de contreparties" dont "la non-fermeture d'usines de production" comme celle-ci. Mais "il ne s'agit pas d'un site de production mais d'un site de logistique, de pièces détachées", argue-t-il sur Canal +, ajoutant que selon la direction, "l'ensemble de ses salariés vont se voir proposer une solution en interne".

Un mois plus tard, le groupe PSA annonce qu'il va rembourser de manière anticipée un tiers de l'aide accordée par l'Etat en 2009, soit un milliard d'euros (sur trois prêtés), car il a "redressé sa trésorerie". Son concurrent, Renault, fait de même. Les deux groupes annonceront en avril 2011 avoir remboursé l'intégralité du prêt, avec à la clé un bénéfice total pour l'Etat de 715 millions d'euros d'intérêts.

2009 :  6,5 milliards d'euros de prêt en échange du maintien de l'emploi. Le 9 février 2009, Nicolas Sarkozy annonce un prêt destiné à aider les constructeurs automobiles français à investir dans l'innovation : 6,5 milliards d'euros, sur cinq ans. "On mettra le paquet pour que nos industries automobiles sortent plus fortes de la crise qu'elles n'y sont rentrées", promet le chef de l'Etat. Ce prêt est assorti de contreparties, notamment des engagements en matière de maintien de l'emploi. 

"Renault et PSA ont pris un engagement, je dis aux Français très important, de ne fermer aucun de leurs sites pendant la durée de ces prêts et de tout faire pour éviter les licenciements", assure M. Sarkozy.

PSA, de son côté, s'engage"Le groupe ne fermera pas d'usine en France et lancera dans les deux ans à venir, dans chacune de ses cinq usines de montage françaises, un à plusieurs nouveaux modèles de véhicules. Et dans les circonstances actuelles, le groupe ne mettra pas en oeuvre de plans de licenciements en France."

2008 :  prime à la casse et chômage partiel pour aider le secteur. Dès l'éclatement de la crise financière, le secteur automobile global, qui emploie 737 000 personnes, fait partie des priorités du gouvernement. PSA annonce d'ailleurs 3 550 supressions de postes, départs volontaires, notamment à Rennes.

A la fin de l'année, le gouvernement met en place une prime à la casse de 1 000, puis 500 euros, destinée à doper le marché. Son succès est réel et entraînera un coût d'un milliard d'euros en deux ans. L'industrie automobile bénéficie également d'un dispositif de chômage partiel destiné à lui permettre de traverser la crise. Etendu en ampleur d'année en année, il se poursuit encore en 2012.

 2007 : 4 800 suppressions de postes. Dès 2007, le groupe PSA avait commencé à annoncer des suppressions de postes, avec un objectif de 4 800, essentiellement sous forme de recours accru à l'intérim et d'incitations – financières – au départ volontaire.

"Le climat était tendu puisqu'il était question de 4 800 suppressions d'emplois, expliquait alors un délégué central CFDT, mais malgré tout, ce n'était pas excessif. Le ton de ce comité d'entreprise n'entrait pas dans le registre conflictuel !"

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